mardi 15 juin 2010

Les Instituts séculiers et l’Eglise locale

Le livre intitulé Divinarum Rerum Notitia, publié par l’Editrice Studium est sorti en librairie au mois d’avril dernier. La troisième partie, ECCLESIOLOGIA E STORIA DELLA CHIESA, contient un article du Pr Tresalti.
Avec l’autorisation de l’auteur, nous publions cet article dans notre revue qui, de longues années durant, a documenté l’engagement du du Pr Tresalti au sein des Instituts séculiers. Nous sommes certains que la teneur de cet article peut faire l’objet d’une réflexion approfondie.



Les Instituts séculiers sont un don du Seigneur à son Eglise. Certes, le mot institut n’est pas des plus enthousiasmants ; il semble être le contraire d’une initiative de l’Esprit ou, pour reprendre une expression de K. Rahner à propos de l’Eglise, d’une « improvisation de l’Esprit ».

Les Instituts séculiers sont des institutions ecclésiales, certes, mais on peut dire que ce sont les moins … institutionnalisées. Leur structure est généralement assez souple. Ils ont pour but de former et de soutenir des hommes et des femmes spirituels, capables de donner une âme au monde.

Les paroisses sont elles aussi des institutions ecclésiales. Il s’agit évidemment d’institutions différentes, qui se situent de manière particulière par rapport à la grande communauté ecclésiale. Les Instituts séculiers se situent-ils aux côtés ou au sein de la grande communauté ecclésiale ? Quel est leur rapport avec l’Eglise locale au niveau du diocèse et/ou de la paroisse ?

1. Considérations théologiques

La tâche des Instituts séculiers ou, mieux encore, de leurs membres, peut être résumée ainsi : pénétrer spirituellement le monde, donner une âme au monde. Cette tâche ne leur appartient pas en exclusivité, mais elle les caractérise.

On pourrait donc dire que les Instituts séculiers sont l’expression d’un nouveau modèle de rapport dialogique avec le monde. Paul VI s’exprimait ainsi : « S’ils demeurent fidèles à leur vocation propre, les Instituts séculiers deviendront comme "le laboratoire d’expériences" dans lequel l’Eglise vérifie les modalités concrètes de ses rapports avec le monde. C’est pourquoi ils doivent écouter, comme leur étant adressé surtout à eux, l’appel de l’Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi : leur tâche première… est la mise en œuvre de toutes les possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et actives dans les choses du monde. Le champ propre de leur activité évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media » (n° 70).

Je me permets d’appliquer tout particulièrement aux Instituts séculiers les propos de Kasper : « Le but de cette mission [de l’Eglise] universelle n’est cependant pas celui poursuivi par une ecclésiologie approfondie de manière unilatérale à partir de l’incarnation, à savoir de s’enraciner dans le monde, en finissant ainsi trop souvent par le dominer. Le but de la mission n’est pas l’Eglise, qui a au contraire un caractère provisoire. Sur la base de l’‘avance’ eschatologique accueillie dans l’Esprit, l’Eglise est débitrice du monde entier. Sa tâche est la pénétration spirituelle du monde. Elle doit témoigner, au niveau universel, de l’Esprit de liberté dans l’amour qui est apparu en Jésus-Christ, invitant les hommes à s’engager avec nous dans la solidarité de Dieu et, partant, par une action commune, à aplanir le chemin au règne futur de la liberté dans l’amour. …. Seul un homme spirituel peut être aussi un chrétien ouvert au monde ; mais l’homme spirituel doit aussi être un chrétien ouvert au monde. Le vieil axiome ‘prière et travail’ pourrait se traduire aujourd’hui en ‘lutte et contemplation’ (R. Schutz). Ces deux expressions forment une unité, et cette unité de ‘lutte et contemplation’ pourrait en quelque sorte être l’esquisse d’une forme actuelle de sainteté ».

« Fleuris là où tu as été planté ». Cette devise convient bien au membre d’un Institut séculier. Il appartient au monde, également sous son aspect de microcosme local. Il en suit les règles, les us et coutumes. Il en vit le quotidien. Il en va de même pour son insertion ecclésiale : la paroisse, le diocèse sont son lieu ecclésial. Il n’est pas « transféré » d’un lieu à l’autre comme il advient légitimement pour le religieux. Son insertion ecclésiale se fait sous sa responsabilité personnelle et ses rapports se nouent avec les pasteurs légitimes de l’Eglise locale.

L’ordre ou la congrégation religieuse sont nécessairement – s’ils ne sont pas de droit diocésain - extra-diocésains et, dans certains cas, « exonérés » de la juridiction de l’évêque. Leurs membres s’insèrent de manière primaire dans la stratégie apostolique et pastorale propre, collaborant souvent avec la pastorale diocésaine, mais toujours avec un certain détachement. L’Institut séculier, même s’il est de droit pontifical et est doté d’une structure centralisée, suit le plan de formation réservé à ses membres qui, par ailleurs, demeurent dans leur cadre social et ecclésial sans se soustraire aux conditionnements respectifs ; non seulement il n’interfère pas, mais il ne s’interpose pas dans les rapports entre le chrétien, laïc, membre d’un Institut et les conditionnements susmentionnés. Le membre d’un Institut séculier n’a généralement pas la mobilité qui est en revanche propre au religieux et à la religieuse.









La sequela Christi, qui inclut les « conseils évangéliques », s’effectue selon la modalité de la sécularité. Le terme « conseils évangéliques » appliqué au membre d’un Institut séculier a un contenu différent par rapport au religieux.

Le Code de Droit Canonique lui-même reconnaît cette particularité.

Les membres des Instituts séculiers sont « conditionnés en tout par la sécularité ».

L’obéissance, en particulier, ne peut entrer en conflit avec les activités séculières ou ecclésiales menées par chacun des membres ; elle est due - naturellement dans les limites propres à tout chrétien - aux autorités ecclésiastiques et civiles légitimes, sans possibilité d’interférence de la part des autorités de l’Institut.

Les catégories du sel, du levain, du parfum les décrivent très bien. La caractéristique de la dispersion les représente parfaitement. Ce ne sont pas des mouvements de masse, petite ou grande soit-elle. Ils ne recherchent pas la visibilité de la cité placée sur la montagne ou de la lumière sur le boisseau, qui est une caractéristique évangélique plus évidente chez d’autres composantes de l’Eglise.

Il est clair que l’Eglise compte en son sein une grande variété de charismes et de missions, toutes convergentes bien que différentes. Cette pluralité s’accorde bien dans la communion ecclésiale ; non seulement elle est saine, mais elle enrichit l’Eglise. La communion qui fait que tous, en vertu du baptême unique, sont le peuple de Dieu, au-dessus de toute distinction entre les divers appels, les divers ministères, charismes et services.

Le document « A Diognète » est une référence importante pour les Instituts séculiers.
Jean-Paul II a dit ceci : « La mission des Instituts séculiers est ‘d’introduire dans la société les énergies nouvelles du Règne du Christ, en cherchant à transfigurer le monde de l’intérieur par la force des Béatitudes’ (Vita consecrata, 10). De cette manière, la foi des disciples devient l’âme du monde, selon l’heureuse image de la lettre « A Diognète », et produit un renouvellement culturel et social qui doit être mis à la disposition de l’humanité. Plus l’humanité s’éloigne et est étrangère au message évangélique, plus l’annonce de la vérité du Christ et de l’homme racheté en Lui devra résonner de manière forte et persuasive. Il faudra certes faire attention aux modalités de cette annonce afin que l’humanité ne la ressente pas comme une invasion et une imposition de la part des croyants. »

Le membre d’un Institut séculier jouit d’une double citoyenneté : il est à la fois, et à part entière, citoyen de l’Eglise et citoyen du monde. Et ce, en tant que baptisé et investi d’une consécration spéciale. Non seulement il ne se soustrait pas au monde, mais en lui et à travers lui (in saeculo ac veluti ex saeculo) il réalise sa vocation et recherche le Règne de Dieu en administrant les choses temporelles pour les ordonner selon Dieu.

La lettre « A Diognète » se réfère aux chrétiens en général, mais je ne pense pas qu’il soit faux d’appliquer avant tout aux laïcs (entendus selon la définition de Lumen Gentium), et aux membres des Instituts séculiers en particulier, les paroles d’un commentateur autorisé de ce document : « Les Chrétiens ne sont pas un ‘peuple’, une race d’hommes particulière… que définirait une ethnographie plus ou moins pittoresque : langue, costume, habitat et coutumes spécifiques… une troisième race à côté des Païens et des Juifs…[‘A Diognète’] n’accepte pas de voir les Chrétiens isolés en quelque sorte par leur spécificité même, parqués en un ghetto ; leur religion est universelle ; les Chrétiens peuvent n’être, de fait, statistiquement, qu’une minorité dans la société humaine, dans le ‘monde’ ; ils n’en représentent pas moins de droit une société universelle, immanente à l’univers entier. »

Il s’agit d’une forme de vie paradoxale, mais réelle. Paul VI avait dit à ce propos : «Vous marchez sur un plan incliné, où la tentation de facilité mène vers en bas, mais où l’on est stimulé à l’effort qui mène vers en haut. C’est une marche difficile, pour des alpinistes spirituels ».

En sa personne, l’Eglise et le monde se confrontent mais ne sont pas opposés. Ce n’est pas l’Eglise qui « s’adresse » au monde, mais ce n’est pas non plus le monde qui entre dans l’Eglise.

Paul VI avait même dit ceci : « Votre condition existentielle et sociologique devient votre réalité théologique et votre voie pour réaliser le salut et en témoigner. »
2. Considérations canoniques

Les Instituts séculiers n’ont pas d’œuvres propres pour accompagner, intégrer ou remplacer l’activité évangélisatrice de l’Eglise locale. Ils n’ont donc aucune raison d’être en dehors ou en dessus de la « pastorale » de l’Eglise locale.
Les Instituts séculiers (laïcs) sont formés de laïcs qui, de par leur nature, sont présents comme tout autre fidèle laïc dans l’Eglise locale, avec la disponibilité et les caractéristiques propres à tout laïc.

Paul VI avait affirmé : «On ne peut pas ne pas voir une coïncidence profonde et providentielle entre le charisme des Instituts séculiers et ce qui a été une des lignes les plus importantes et les plus nettes du Concile : la présence de l’Eglise dans le monde. En effet, l’Eglise a fortement accentué les divers aspects de sa relation au monde : elle a répété clairement qu’elle fait partie du monde, qu’elle est destinée à le servir, qu’elle doit en être l’âme et le ferment, car elle est appelée le sanctifier, à le consacrer et à refléter sur lui les valeur suprêmes de la justice, de l’amour et de la paix ».

Les Instituts séculiers ne sont pas une « Eglise », et encore moins une secte. Un Institut séculier a voulu se placer hors de l’Eglise locale pour mener sa propre œuvre articulée en activités ne dépendant pas de l’évêque et, en quelque sorte, de la vérification concernant la vie consacrée ; il a fini par devenir une « prélature personnelle ». Un autre Institut séculier, désireux de mener sa propre œuvre, basée sur la présence de ses membres dans des milieux pré-constitués et avec une grande discrétion, et ne voulant pas devoir répondre de sa vie de consécration, a dit que c’était une affaire privée de ses membres ; il a demandé et obtenu de devenir une association de fidèles menant ses propres activités, consistant non seulement dans la formation de ses membres, mais aussi dans un « apostolat » indépendant.

Les caractéristiques propres aux membres des Instituts séculiers sont l’individualité de leur présence chrétienne en tant que membres d’un Institut et leur disponibilité ecclésiale complète. Egalement d’un point de vue ecclésial, les membres des Instituts séculiers sont de véritables laïcs. C’est là une condition canonique affirmée également par le Code de Droit Canonique, Can. 711 :

« Du fait de sa consécration, le membre d’un Institut séculier ne change pas sa condition canonique propre dans le peuple de Dieu, qu’elle soit laïque ou cléricale, restant sauves les dispositions du droit regardant les instituts de vie consacrée. »

Comme tout laïc, le membre d’un Institut séculier pourra faire partie de toutes sortes d’associations ecclésiales, et à plein titre.

En tant que membre de la société civile, le membre d’un Institut séculier est responsable à titre personnel de son travail et de toutes ses activités politiques, syndicales, sociales. Certains privilèges corporatifs qui, dans certains régimes de concordat, touchent les religieux, ne concernent pas les membres des Instituts séculiers. La seule limite est celle que tout catholique doit avoir.

Les Instituts séculiers cléricaux doivent être distingués de ceux laïcs. Tout en ayant quelques aspects en commun, ils se différencient sous d’autres aspects importants. La sécularité du laïc est différente de celle du ministre ordonné. Les modalités d’évangélisation du laïc sont différentes de celles du ministre ordonné.

Le fait d’avoir placé dans un seul et unique cadre juridique ces deux entités, qui offrent certaines ressemblances quant à leur organisation interne et à certaines dynamiques de relations entre les personnes, mais sont très différentes pour ce qui a trait à la spiritualité et à l’aspect théologique, n’est utile à personne. Face à cette affirmation, d’aucuns invoquent la « théologie de la communion », selon laquelle il n’y aurait pas de distinctions, ou alors très faibles, entre les diverses composantes de l’Eglise. Ce qui compte, c’est le baptême qui unit tous les croyants et rapproche tous les fidèles. Donc, cela n’aurait aucun sens de faire une distinction entre les laïcs et les ministres ordonnés dans la communion ecclésiale.

La distinction opérée par le Concile Vatican II n’est pas dépassée, comme certains voudraient le faire croire.

Comme nous l’avons dit plus haut, la communion n’est pas synonyme de confusion ; au contraire, elle implique la distinction. Elle s’enrichit par l’apport des différentes parties. A leur tour, celles-ci doivent pouvoir se développer et croître selon leur propre vocation, en vivant leur propre spiritualité. Cela ne peut se faire si elles se mettent toutes ensemble. Cela irait certainement au détriment de tous et de chacun, comme l’histoire le démontre.

3. Aspects particuliers

Il y a le risque que l’Eglise locale considère la présence d’un laïc consacré comme celle d’une personne entièrement disposée à prendre part aux activités intra-ecclésiales, comme il advient institutionnellement, par exemple, pour les vierges consacrées. Et ce, sans tenir compte de la sécularité propre aux membres des Instituts séculiers. Leur spécificité ne consiste pas à se mettre à la disposition de l’évêque ou du curé pour des activités de soutien à l’Eglise, même dans des milieux relevant de la compétence des laïcs, tels les aspects administratifs ou organisationnels de l’activité pastorale.

Leur spécificité est de rechercher le Règne de Dieu, en administrant les choses temporelles pour les ordonner selon Dieu.

Pour eux, être l’Eglise consiste en premier lieu à mettre en œuvre toutes les possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et actives dans les réalités du monde.
S’ils sont présents dans la politique, il ne doivent pas constituer un « parti chrétien », mais mener leur activité politique en tant que chrétiens.
Si l’un deux est médecin, il ne suivra pas une médecine catholique, mais appliquera la médecine en tant que catholique.

Il arrive parfois qu’un sens mal compris de l’Eglise locale amène à croire que les membres des Instituts séculiers sont des laïcs plus malléables, utilisables dans des buts intra-ecclésiaux, en vue d’exercer une influence sur la société civile de type temporel.

La crainte d’attitudes et de requêtes de ce genre a amené nombre d’Instituts séculiers à éviter de faire connaître leurs membres aux évêques, créant ainsi un cercle vicieux de malentendus et de méfiance qui, d’une part n’a pas été utile à une connaissance correcte de cette forme de vie et, de l’autre, a sans doute limité la richesse de l’apport des Instituts à l’Eglise locale.

Il arrive parfois que des pasteurs fondent des Instituts séculiers dans cette perspective instrumentale, portant ainsi atteinte aux personnes et à l’Eglise locale elle-même. Au lieu de favoriser la formation des laïcs pour qu’ils répondent à leur vocation propre et, de cette manière, apportent leur contribution à l’évangélisation, cela conduit à un appauvrissement des fidèles laïcs et à la « cléricalisation » de ceux-ci et de toute l’Eglise locale.

La base d’une saine évaluation des Instituts séculiers nous est donnée par l’enseignement du Concile Vatican II. Gaudium et Spes 43 : « Le Concile exhorte les chrétiens, citoyens de l’une et de l’autre cité, à remplir avec zèle et fidélité leurs tâches terrestres, en se laissant conduire par l’esprit de l’Evangile. Ils s’éloignent de la vérité ceux qui, sachant que nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais que nous marchons vers la cité future, croient pouvoir, pour cela, négliger leurs tâches humaines, sans s’apercevoir que la foi même, compte tenu de la vocation de chacun, leur en fait un devoir plus pressant. Mais ils ne se trompent pas moins ceux qui, à l’inverse, croient pouvoir se livrer entièrement à des activités terrestres en agissant comme si elles étaient tout à fait étrangères à leur vie religieuse – celle-ci se limitant alors pour eux à l’exercice du culte et à quelques obligations morales déterminées. Ce divorce entre la foi dont ils se réclament et le comportement quotidien d’un grand nombre est à compter parmi les plus graves erreurs de notre temps. Ce scandale, déjà dans l’Ancien Testament les prophètes le dénonçaient avec véhémence et, dans le Nouveau Testament, avec plus de force encore, Jésus-Christ Lui-même le menaçait de graves châtiments. Que l’on ne crée donc pas d’opposition artificielle entre les activités professionnelles et sociales d’une part, la vie religieuse d’autre part. En manquant à ses obligations terrestres, le chrétien manque à ses obligations envers le prochain, bien plus, envers Dieu Lui-même, et il met en danger son salut éternel. A l’exemple du Christ qui mena la vie d’un artisan, que les chrétiens se réjouissent plutôt de pouvoir mener toutes leurs activités terrestres en unissant dans un synthèse vitale tous les efforts humains, familiaux, professionnels, scientifiques, techniques, avec les valeurs religieuses, sous la souveraine ordonnance desquelles tout se trouve coordonné à la gloire de Dieu.

Aux laïcs reviennent en propre, quoique non exclusivement, les professions et les activités séculières. Lorsqu’ils agissent, soit individuellement, soit collectivement, comme citoyens du monde, ils auront donc à cœur, non seulement de respecter les lois propres à chaque discipline, mais d’y acquérir une véritable compétence. Ils aimeront collaborer avec ceux qui poursuivent les mêmes objectifs qu’eux. Conscients des exigences de leur foi et nourris de sa force, qu’ils n’hésitent pas, au moment opportun, à prendre de nouvelles initiatives et à en assurer la réalisation. C’est à leur conscience, préalablement formée, qu’il revient d’inscrire la loi divine dans la cité terrestre. Qu’ils attendent des prêtres lumières et forces spirituelles. Qu’ils ne pensent pas pour autant que leurs pasteurs aient une compétence telle qu’ils puissent fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission. Mais plutôt, éclairés par la sagesse chrétienne, prêtant fidèlement attention à l’enseignement du Magistère, qu’ils prennent eux-mêmes leurs responsabilités ».

Ce texte de Gaudium et Spes exprime très clairement la spécificité d’un membre d’Institut séculier.

Il nous fait comprendre où se joue son ecclésialité. Non pas dans des stratégies qui vont au-delà de l’Eglise locale, mais dans le hic et nunc de l’appel de Dieu. Et le rôle de l’Institut consiste à soutenir et aider chaque membre à vivre le hic et nunc.

L’être’ Eglise d’un membre d’Institut séculier se réalise spécifiquement dans l’Eglise locale. Le fait qu’un Institut puisse être, et est en effet, inter-diocésain, voire international, n’ôte rien à cette spécificité locale. Et ce, précisément parce que l’Institut ne se donne pas de tâches pastorales et ne se fixe pas pour objectif ses propres interventions d’évangélisation.

En cela, nous pouvons voir une grande différence entre un Institut séculier et un Institut religieux. La communauté du religieux le caractérise et le distingue des autres citoyens et des autres chrétiens. La communauté de l’Institut séculier aide chaque membre à être une part active et promotrice tant de la communauté civile que de celle ecclésiale. Et ce, sans s’interposer dans les choix, les orientations politiques, techniques et/ou pastoraux.

On pourrait soulever une objection : le fait d’accentuer la relation entre l’Institut séculier et l’Eglise locale n’ira-t-il pas au détriment de la capacité de l’Institut d’atteindre son propre but de manière adéquate, que nous avons résumé comme étant la formation chrétienne de ses membres en tant que laïcs ?
Les membres des Instituts séculiers ne sont pas nombreux et ne doivent pas l’être, en raison de la nature même des Instituts. Il ne s’agit pas d’une vocation de masse. Ce qui fait que dans un petit diocèse, il est rare d’avoir un nombre de membres suffisant pour garantir la possibilité de former de nouveaux membres et d’assurer une formation permanente à tous. Vouloir un caractère diocésain organisé dans le cadre d’un Institut peut amener à une désagrégation rapide.

L’aspect diocésain devra donc concerner avant tout le sens de l’Eglise locale que doivent avoir les membres de l’Institut. Ce sentiment ecclésial se traduira dans une adhérence concrète à l’Eglise locale : participation à la liturgie, à la charité, à d’éventuelles initiatives de formation de l’Eglise locale, en termes paroissiaux et diocésains. Il pourra, le cas échéant, se traduire aussi en une structure organisationnelle de l’Institut.

Les relations avec l’Eglise romaine revêtent certainement une grande importance pour l’Institut séculier. Elles permettent de sauvegarder les caractéristiques propres de l’Institut, tant dans sa vie que vis-à-vis de l’Eglise, et confortent la spécificité de sa réponse à la vocation qui lui est propre. A mon avis, le ministère de Pierre doit intervenir, à travers ses organes, dans le discernement et dans l’approbation des Instituts séculiers.

L’association de certains Instituts séculiers en familles spirituelles permet difficilement aux Instituts et à leurs membres d’avoir un véritable caractère diocésain. Nous avons l’exemple de mouvements qui réunissent divers Instituts. Par exemple, le mouvement de Schönstatt, qui comprend un Institut de prêtres incorporant ses membres à l’Institut, un Institut de prêtres qui restent diocésains, un Institut de femmes ayant des caractéristiques internes et externes qui les font considérer comme des religieuses (il prévoit la vie en commun et un habit avec voile), un autre Institut de femmes dont les membres vivent dans l’indépendance et avec des caractéristiques séculières, un Institut masculin de laïcs ayant des caractéristiques séculières.

Il est clair que la référence des membres des Instituts « plus séculiers » tend à être la « grande famille », qui joue en fait le rôle d’Eglise locale, plutôt que la vraie Eglise locale ! Cette tendance à faire l’Eglise pour son propre compte va en s’étendant sur les traces des ordres religieux.

Les Instituts séculiers sont essentiellement un lieu de formation chrétienne laïque qui vise à offrir à l’Eglise des fidèles laïcs ayant reçu un appel particulier à une consécration spéciale, et les aide à vivre cet appel en se montrant particulièrement disponibles à l’évangélisation, selon les modalités propres aux laïcs.

Les Instituts séculiers ont un besoin vital de la sympathie et de l’aide de l’Eglise locale. A leur tour, ils peuvent grandement contribuer à l’œuvre de formation de l’Eglise locale, offrant des modèles de spiritualité chrétienne laïque basés sur une expérience de vie.

Emilio Tresalti




V. Car les Chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. 2. Ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n'a rien de singulier. 3. Ce n'est pas à l'imagination ou aux rêveries d'esprits agités que leur doctrine doit sa découverte ; ils ne se font pas, comme tant d'autres, les champions d'une doctrine humaine. 4. Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares suivant le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. 5. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. 6. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n'abandonnent pas leurs nouveau-nés. 7. Ils partagent tous la même table, mais non la même couche. 8. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. 9. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. 10. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l'emporte en perfection sur les lois. 11. Ils aiment tous les hommes et tous les persécutent. 12. On les méconnaît, on les condamne ; on les tue et par là ils gagnent la vie. 13. Ils sont pauvres et enrichissent un grand nombre. Ils manquent de tout et ils surabondent en toutes choses. 14. On les méprise et dans ce mépris ils trouvent leur gloire. On les calomnie et ils sont justifiés. 15. On les insulte et ils bénissent. On les outrage et ils honorent. 16. Ne faisant que le bien, ils sont châtiés comme des scélérats. Châtiés, ils sont dans la joie comme s'ils naissaient à la vie. 17. Les juifs leur font la guerre comme à des étrangers ; ils sont persécutés par les Grecs et ceux qui les détestent ne sauraient dire la cause de leur haine.
VI. En un mot, ce que l'âme est dans le corps, les Chrétiens le sont dans le monde. 2. L'âme est répandue dans tous les membres du corps comme les Chrétiens dans les cités du monde. 3. L'âme habite dans le corps et pourtant elle n'est pas du corps, comme les Chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas du monde. 4. Invisible, l'âme est retenue prisonnière dans un corps visible : ainsi les Chrétiens, on voit bien qu'ils sont dans le monde, mais le culte qu'ils rendent à Dieu demeure invisible. 5. La chair déteste l'âme et lui fait la guerre, sans en avoir reçu de tort, parce qu'elle l'empêche de jouir des plaisirs : de même le monde déteste les Chrétiens qui ne lui font aucun tort, parce qu'ils s'opposent à ses plaisirs. 6. L'âme aime cette chair qui la déteste, et ses membres, comme les Chrétiens aiment ceux qui les détestent. 7. L'âme est enfermée dans le corps : c'est elle pourtant qui maintient le corps ; les Chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde : ce sont eux pourtant qui maintiennent le monde. 8. Immortelle, l'âme habite une tente mortelle : ainsi les Chrétiens campent dans le corruptible, en attendant l'incorruptibilité céleste. 9. L'âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif : persécutés, les Chrétiens de jour en jour se multiplient toujours plus. 10. Si noble est le poste que Dieu leur a assigné, qu'il ne leur est pas permis de déserter.

samedi 12 juin 2010

CROIRE POUR SE SENTIR BIEN

"Je pourrais être plus heureux, et j’aurais sans doute de meilleures manières, si je croyais être descendant des empereurs de Chine, mais tous les efforts de volonté que je pourrais faire en ce sens ne parviendraient pas à m’en persuader, pas plus que je ne peux empêcher mon cœur de battre".
Steven Weinberg(25)

Il existe une tradition de « révolte contre la raison », dont on trouve des accents chez des auteurs aussi différents que Pascal et Nietzsche, et qui rejette toute la discussion précédante en admettant volontiers qu’il n’y a pas d’arguments rationnels en faveur de la religion, et qu’en fin de compte il s’agit uniquement d’un choix personnel. On peut croire, même si c’est absurde, surtout si c’est absurde. Ou bien, il s’agit d’un engagement, d’un style de vie – on fait les « gestes de la foi » , prier et implorer, et on finit par croire. Ce genre d’attitude est devenu de plus en plus populaire avec la montée du « postmodernisme » et, plus généralement, de l’idée que ce qui est important n’est pas de savoir si ce qu’on dit est vrai ou faux, ou peut-être même que la distinction entre vrai et faux n’a pas de sens. Ce qui compte, ce sont les effets pratiques d’une croyance ou le rôle social qu’elle joue dans un groupe donné.
Dans la variante postmoderne la plus extrême de cette tradition, le problème de la contradiction entre différentes croyances religieuses ne se pose pas. On a recourt à la doctrine des vérités multiples, c’est-à-dire que des idées mutuellement contradictoires peuvent être simultanément vraies. L’un croit au ciel et à l’enfer, l’autre à la réincarnation, un troisième pratique le New Age et un quatrième pense avoir des extra-terrestres parmi ses ancêtres. Toutes ces vues sont « également vraies » mais avec un qualificatif du genre, « pour le sujet qui y croit » ou « à l’intérieur de sa culture » . Je ne peux que partager le sentiment d’étonnement que ressentent beaucoup de croyants orthodoxes face à cette multiplication des ontologies.
Comme il est inutile d’attaquer ce genre de positions au moyen d’arguments rationnels, je vais me contenter de faire deux remarques à caractère moral(26). Premièrement, cette position n’est pas sincère et cela se remarque dans les choix de la vie courante : lorsqu’il faut choisir une maison, acheter une voiture, confier son sort à une thérapeutique, même les subjectivistes les plus acharnés comparent différentes possibilités et tentent d’effectuer des choix rationnels(27). Ce n’est que lorsqu’on se tourne vers des questions « métaphysiques » , qui n’ont pas de conséquences pratiques immédiates, que tout devient une question de désir et de choix subjectifs. Ensuite, cette position est dangereuse, parce qu’elle sous-estime l’importance de la notion de vérité objective, indépendante de nos désirs et de nos choix : lorsqu’aucun critère objectif n’est disponible pour départager des opinions contradictoires, il ne reste que la force et la violence pour régler les différends. En particulier, sur le plan politique, la vérité est une arme que les faibles ont face aux puissants, pas l’inverse.
Finalement, Steven Weinberg fait une remarque perspicace à propos du subjectivisme religieux : «Il est très étrange que l’existence de Dieu, la grâce, le péché, l’enfer et le paradis n’aient aucune importance ! Je suis tenté de penser que, si les gens adoptent une telle attitude vis-à-vis des questions théologiques, c’est parce qu’ils ne peuvent se résoudre à admettre qu’ils n’y croient pas du tout. »(28)

dimanche 2 mai 2010

RENOUVELLEMENT DE VOEUX

"Et quiconque aura laissé maison, frères, soeurs, père, mère, enfants ou chants à cause de mon nom, reçevra bien davantage..." (Mt 19,29). C'est dans cette attitude de détachement pour se mettre à la suite de Jésus qu'hier, 1 mai, 2010, à Kintambo Jamaique, Kinshasa, R.D Congo; vingt-deux scolastiques missionnaires Comboniens ont solennellement renouvellé leurs consécrations religieuses. Autour de l'autel n'étaient pas seulement religieux et religieuses Comboniennes mais aussi des prêtres, laïcs comboniens, les familles comboniens et des amis des comboniens. L'ambiance définit la pensée de notre fondateur, St. Daniel Comboni: "Nos missionnaires, prêtres et laïcs, vivent ensemble, unis dans la même vocation" (Daniel Comboni, Les lettres et les écrits, Rome, 2000, no. 2495). Pour Comboni, l'importance de la présence de laïcs (africains) en mission est indispensable. Un des ses premières soucis dans la mission: préparer des laïcs (africains) comme "apôtres de la foi et la civilisation dans leurs propres patries; sans eux l'oeuvre de la mission est stérile (ibid... no. 3293).


Dans son homélie (2Co 4, 5-10; Mt 19,16-30), père Eliseo TACCHELLA, provincial des missionaire Comboniens en R.D Congo, a souligné que saint Paul, dans la première lecture, nous parle d'un trésor qui est très bon et qui remplie notre vide et ce trésor est Jésus Christ. Ce dernier doit être partager dans la vie de service aux autres. en faisant allusion au jeune riche homme, dont l'évangile nous parle, père Eliseo a interpellé les vingt-deux jeunes hommes qui renouvelaient leurs consécrations à témoigner du Christ dans la sainteté de vie. celle dernière n'est qu'en possible se laissant remplir par le Christ, le très bon trésor, sinon on risque de se trouver dans une sorte de vide et d'isolement intolérable. Le provincial a terminé son homélie avec une invitation non seulement aux vignt-deux mais à tout le mode à chercher à etre "saint comme le Père céleste est saint". Ici Comboni nous dira: "Les missionnaires doivent être saints et capables; saint c'est à dire complètement étrangers aux péchés et à l'offense à Dieu et humbles. Mais cela ne suffit pas, if faut de la charité pour que ses sujets soient capables" (Ibid... no. 6655).


Après l'eucharistie, tous se sont réjouir dans un agapé fraternelle fait d'un repas copieux.


Kinshasa, le 2 mai 2010

OLOK Denis, Mccj

"le moment de l'appel et de l'envoie en mission"

Parmi plusieurs cycles des formation offerts par l'Institut Saint Eugène de Mazenod à Kintambo, Kinshasa, RDC, nous avons aussi le cycle de formation des missionnaires (en abrégé C.F.M). cette dernière fait partie des activités de l'Institut Africain des Sciences de la Mission. L'un des objectifs du C.F.M, est "d'assurer aux missionnaires débutants en Afrique une connaissance précieuse non seulement des réalités des Églises locales mais aussi de l'histoire, de la culture, des traditions et des langues de différents peuples desquels ils travailleront" (Programme des cours, année académique 2006-2007, Institut Saint Eugène de Mazenod)

Chaque année, l'Institut Africain des Sciences de la Mission envoie en mission au terme de leur formation ceux qui sont inscrits. Cette année, samedi 20 février 2010, au cours de la "célébration africaine de l'envoi en mission" dans la Chapelle de l'Institut Saint Eugène de Mazenod, trois religieuses ont été envoyées en mission. Son Excellent Mgr Godefroy MUKENG-a KOLAND, Directeur National des OPM/RDC a présidé cette messe solennelle.

Dans son homélie (Is 58, 9 - 14; Lc 5, 27 -32), S.E a souligné trois aspects fondamentaux: l'appel, la mission et "la tâche du Missionnaire". L'appel de Jésus ne va pas seul, il est aussi l'envoi, comme l'affirme l'évangile de Marc: Jésus monte sur la montagne et il appelle ceux qu'il voulait...pour être avec lui et pour les envoyer prêcher (Mc 3, 13 -14)", dit- il. Partant d' "être avec Jésus et être envoyer en mission", S.E identifie "deux finalités de l'appel inséparables". La première finalité est que Jésus appelle ses disciples "pour être avec lui": comme "ses compagnons" ceux qui vivent avec lui et l'accompagnent partout; comme "ses disciples" ceux qui se mettent à son école; comme "ses amis" ceux qui partagent sa connaissance, son esprit et sa volonté; et comme des 'alter Christi' ceux qui s'identifie à lui.

La seconde finalité est la mission. "Marc dit en terme explicite que Jésus appelle ses disciples pour les envoyer prêcherr, c'est à dire pour qu"ils aillent partout faire d'autres disciples par leur parole, leur exemple de vie, de foi, de priere et de souffrance, en gardant tout ce qu'il leur avait prescrit (Mt 28, 20). il les envoie donc comme ses missionnaires ainsi que l'unième fut envoyé comme missionnaire du Père".

Que dit-il de la "tache de missionnaire"? "Le missionnaire est l'home de la bienfaisance par les oeuvres de miséricorde. Il est envoyé pour accomplir l'oeuvre de la libération: délivre l'home de toutes les chaînes, chasser l'esprit mauvais pour que règne l'Esprit de Dieu, comme il était dit de Jésus: il passa partout en faisant le bien(Ac 10, 38b) et Jésus se présenta lui-même en disant qu'il était consacré et envoyé pour accomplir les oeuvres de la libération de l'homme: annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, proclamer aux captifs la libération, aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d'accueil par le Seigneur (Lc 4, 18-19). il s'agit en bref de manifester la tendresse de Dieu en faisant le bien à l'homme". Pour être concret et actuel, S.E lance une question: "Quel peut être le rôle du Missionnaire dans ce Congo en Afrique où règnent les divisions ataviques d'ethnies et tribus, le conflits multiples et la corruption répandue jusqu'au niveau de toutes les situations?" A cela il répond: "...dans ce Congo où les populations sont minées par la pauvreté, la misère généralisée, la tache du missionnaire ne consiste-t-elle pas à sensibiliser le peuple tout entier à la grande valeur évangélique du travail commun qui favorise la culture du don et du partage, au lieu de l'habitude longtemps entretenue de la mains tendue pour l'aide extérieure? Car on ne peut donner et partager que ce qu'on a produit par le travail personnel et Commun."

Kinshasa, le 09 mars 2010

Denis OLOK, Mccj